Cette fin de semaine du 29-30 mars 2008 devait être LA fin de semaine pour finir en beauté cet hiver déjà mémorable. Alors que l'année passée les tempêtes de neige se comptaient sur les doigts d'une main, cette année nous battions des records.
Les températures commençant à remonter et le printemps à pointer son nez j'avais décidé de faire cette fin de semaine deux sorties qui me tenaient à coeur: "Trap Dike" et "Gothics North Face".
Vendredi soir nous quittons donc Montréal assez tardivement. La météo annonçait une nuit fraîche (-12) mais la température devait remonter. Le soleil quant à lui promettait d'être présent. Nous sommes partit donc vers 20h30 de Montréal pour arriver aux Parc des Adirondacks vers 23h (Adirondack Loj). À partir de là il faut marcher environ 45 mn avec nos sac-à-dos chargés pour se rendre à Marcy Dam afin d'y passer la nuit (pas sous tente, mais dans un lean-to). Nous arrivons à notre abri vers minuit et nous nous préparons à y passer la nuit. Marcher de nuit en hiver sous un ciel étoilé est une expérience a ne pas manqué. La lumière des étoiles se reflète sur la neige et éclaire les bois nous permettant souvent de marcher avec nos frontale éteinte.
Première surprise de la fin de semaine, au réveil à 7h03 exactement, il fait -17 degrés Celsius. Outch ! Tout le monde a quasiment eu froid sauf mon cher ami Jean-Pierre qui était le seul à avoir un sac de couchage -30. Avec mon -20 j'ai quand même sentit qu'il ne faisait pas chaud chaud.
Nous nous préparons pour notre journée afin d'attaquer notre premier objectif "Trap Dike". Il s'agit d'un couloir encastré dans une montagne (Colden) donnant sur une immense dalle oblique qui mène au sommet. L'ascension se fait toute saison. J'avais déjà fait cette ascension en Juin 2006 mais rêvait de la faire en hiver. Le degrès des pentes doit varier de 30 à 50 degrès.
L'approche n'a pas été très longue, deux heures tout au plus. Arrivée au lac Avalanche la vue est splendide, le ciel est d'un bleu vif et les montagnes (Algonquin et Colden) qui borde le lac sont couvertes de neige et de glace.
Au loin sur la gauche je distingue l'entrée de Trap Dike. On la reconnait facilement car le lac borde la montagne, longe ses falaises abruptes et l'entrée du Dike est cernée d'arbres sur un grand monticule. Je m'empresse d'aller voir comment se présente le couloir convoité.
Une équipe est devant nous, dont je connais certains membres. Ils nous devancerons lors de notre ascension. Il doit être 11h45 lors nous atteingons le pied du couloir. Annie et moi décidons de commencer l'ascension tandis que Jean et Jean-Pierre finissent de s'équiper .
Nous arrivons à une première section de glace que nous passons rapidement, Annie décide même de ne pas s'encorder. Nous finissons par rejoindre la première équipe. Nous nous installons derrière eux à une vingtaine de mètre en contrebas sur la gauche. Nous sommes contre le flanc du couloir et je commence à sortir une corde. En effet la deuxième section glacée va nous demander plus d'attention et nous devrons y installer un relais pour nous assurer.
Tout d'un coup je vois un grand nuage de neige en face de nous, je me dis à ce moment la " mais qu'est ce qu'ils ont foutu!", et voilà qu'après ce nuage c'est tout une avalanche qui nous tombe dessus. Je m'empresse de porter mon corps derrière Annie (car elle était devant moi) pour ne faire qu'un. Je lui dis de rester coller à la paroi et de ne pas bouger. La neige monte devant elle. Déjà qu'au début nous l'avions presqu'aux genoux, voilà que le niveau monter jusqu'à la poitrine. Annie a les mains devant essayant de tasser la neige. Heureusement le courant est surtout axé dans le centre du couloir. Le niveau de neige redescend et ralentit. J'essaye de voir si l'équipe en face est toujours présente, ca à l'air d'être le cas. Mais ce n'est pas finit, une autre vague arrive et je distingue comme une forme orange partir avec. Je me dis à ce moment là que quelqu'un a été emporté. Le calme revient après quelques secondes et je demande à Annie si tout va bien, le groupe en haut à l'air ok aussi, je leur cris pour savoir si quelqu'un est blessé, ils se regardent et remarque qu'il manque une personne. Martin (du premier groupe) et moi couront sur la piste à la recherche du corps manquant, j'ai presque peur de marcher dessus avec mes crampons. Nous nous apercevons finalement que Laurence (avec son manteau orange) est arrivé au bas du couloir saine et sauve, la chanceuse !!! Elle lève ses deux piolets dans les aires pour nous indiquer qu'elle ne les a même pas perdu. Elle a quand même fait une descente d'environ 60m !
À partir de ce moment une discussion commence à savoir ceux qui continuent et ceux qui redescendent. Nous sommes partagés à 20/80. Finalement d'un commun accord tout le monde redescend.
J'apprendrais un peu plus tard par un autre groupe qui a fait l'ascension du mont Colden par les sentiers officiels qu'il y avait beaucoup de vent. Probablement trop pour nous permettre d'avancer sur la dalle (la deuxième partie de notre ascension) de façon sécuritaire. Je considère donc que notre décision a été sage mais je garde le goût d'y retourner.